pv. nick&kelsey, again.

{ dimanche après-midi }

Kelsey. Je me réveille, à moitié-morte. Le soleil passant à travers les rideaux plus ou moins fermés, je suis éblouie, je me tourne, je me lève, titube, j'ai soif, je porte à mes lèvres un verre qui traînait, l'after-party a dû se passer chez moi. Et pourtant, hier soir, j'étais seule. Du moins, je crois. Je recrache direct, c'est de la Vodka. Putain, j'ai envie de dégueuler. Y a des corps partout, on se croirait dans une morgue. Y'en a jusqu'au couloir. J'avance jusqu'à la salle de bain en évitant les gens par terre, passe de l'eau sur mon visage, y a des restes de coke autour du lavabo que je nettoie parceque c'est dégueulasse. Faut que je foute tout le monde dehors. Le fait qu'aucun membre du personnel du camp ne soit passé par-là, que je ne me souvienne de rien, et que ça ce soit passé ici, à Camp Rock, ça m'intrigue. J'ai envie de rien. Juste de dormir des heures et des heures, jusqu'à ce que tout ait disparu, les gens, le bordel, mon mal de tête, jusqu'à ce que le temps se remette en marche. J'avale deux aspirines, même si je sais que j'en suis allergique, et que dans une heure plus ou moins, du sang va pas arrêter de couler de mon nez. Je ressors de la salle de bain, je me promène sur le champ de bataille, retourne les corps pour vérifier s'il y'en a pas un qui a crevé au passage. Je me débrouille pour dégager tout le monde, c'est fait. Enfin seule, seule & seule. La chambre, voire les chambres du couloir sont sans dessus-dessous. Je m'en fou, la mienne, je la rangerai plus tard. Je retourne dans la salle de bain, m'étire, tire une gueule affreuse à mon propre reflet, et me déshabille. J'allume l'eau froide et entre dans la douche.

« AHHHHHHHHHHHHHHHHHH! »

Complétement dans les vaps. J'ai oublié d'allumer l'eau chaude. Saloperie. Je le fais, je me dépêche de prendre ma douche. Une flemme royale m'embarque. La flemme de rester une heure sous la douche comme je le fais si bien normalement. Mon portable sonne, j'ai terminé, je sors, m'entoure d'une serviette, et cours vite vers mon lit où se trouvait mon Sidekick. Quelle connerie, c'est qu'un sms. Je ne connais pas le numéro. J'appelle, ça répond pas. Je suis trop fatiguée pour ne serait-ce être curieuse de qui peut être cette personne. Je retourne dans la salle de bain, peigne légèrement sur mon visage les couleurs de la vie. Je manipule mécaniquement mon mascara Chanel dont je me foutais éperdument du fait que ça soit un Chanel, et de ma foutue poudre Guerlain, dont je me foutais éperdument du fait que ça soit un Guerlain. Je me prépare. Pour rien. Comme hier, comme demain.

Je regarde l'heure sur mon portable, quatorze heures pile. A cette heure-là, je me demande ce que les gens du camp peuvent bien faire entre eux. Répéter, rigoler, baiser. Je vais aller répéter. Demain, évaluation. Je soupire, resoupire, me la ferme. J'ouvre la porte de ma chambre à contre-coeur, la claque avec grand plaisir, et emprunte le chemin qu'il fallait pour se rendre à la salle de .. chant. Je reste sceptique sur le fait que cette foutue salle soit libre. Très sceptique. M'y voilà. Personne. Comme quoi. Sans perdre une seule seconde, je m'installe au piano, chante et rechante la chanson que l'on m'avait donnée à apprendre. Decode d'un certain groupe s'appelant Paramore. Depuis quelques minutes, j'avais l'impression d'être fliquée. Peut-être que ça n'est qu'une impression. Je tourne la tête vers la gauche, la porte est ouverte, j'ai oublié de la fermer. Un mec est au seuil de celle-ci. Oh par pitié qu'il ne m'ait pas entendu. S'il y a bien une chose que je détèste par dessus tout, c'est justement que l'on m'entende chanter. Des fois, j'ai honte de tout ce que je fais, honte de tout, honte de moi. J'ai comme envie de faire demi-tour, sauter par la fenêtre, faisant genre de ne pas l'avoir vu, échappant à ce genre de situation qui me rend totalement malade. Mais j'ai été assez lâche comme ça dans ma vie. Le mec en question n'était pas n'importe qui. J'avais déjà eu l'honneur de lui adresser trois phrases. Je le regarde dans les yeux, essayant de ne pas craquer en détournant mon regard ailleurs, un regard dans lequel on pouvait voir que j'étais plus gênée qu'autre chose. Mon air radieux de ces derniers mois s'est effacé. J'inhale plus que de raison. Mon reflet dans la glace qui me fait face me guette, me pointe du doigt et me donne l'impression de pourrir lentement, comme un tableau sur lequel on aurait balancé de l'acide. Mes joues brûlent, mes mains tremblent, et dans ma tête se promènent d'atroces pensées dont je n'arrive même pas à distinguer. J'inspire et expire muettement, je me la ferme. Une fois de plus.