pv. nick&kelsey

{ lundi, 12:00 pm. }

Kelsey.

« Putain! »

« Je suis vraiment... désolé. »

Après mon magnifique «Putain» , je ne savais plus où me mettre. Tout s'était renversé sur mon plateau. Le dessert dans le plat principal, l'entrée avait finie par terre, bref, c'était inmangeable, et c'était très bien ainsi. Autrement, la bouffe du mec qui venait de m'heurter malencontrueusement se retrouvait sur mon tshirt, dégoûlinant plus ou moins sur mon slim. Ca avait une sale gueule.

Je relève la tête, et croise de nouveau le regard de ce jeune homme qui venait tout juste de s'excuser. Il a l'air tout aussi gêné que moi. Il me tend son sweat, je le prends, et pose mon plateau sur la table où il a posé le sien. Je me sers de ma serviette, qui elle, était restée intacte. J'essuie attentionnellement mon t-shirt. Ca avait encore plus une sale gueule. J'enlève mon t-shirt. Un strip au self ? J'aurais pu me retrouver en soutient-gorge remarque, mais heureusement que j'avais un débardeur - tout léger certes - en dessous. J'enfile rapidement le gilet du mec qui m'était d'ailleurs toujours inconnu.

« Tu veux que j'aille te reprendre un plateau ? »

C'était la moindre des choses. Si j'étais partie après avoir pris tout ce qu'il me fallait, ça ne serait pas arrivé. Puis mon fameux «Putain» qui commence à devenir culte dans ma tête depuis quelques secondes me hante. Il doit me prendre pour une fille plus vulgaire qu'autre chose. Et c'est pas tout à fait l'image que je cherche à donner de moi. Admettons un instant que ça soit le cas, que les gens me prennent pour quelqu'un d'extrêment vulgaire. Qu'un mec ordinaire le pense ne me dérangerait pas. A quoi bon me focaliser dessus. Mais ce garçon qui se trouvait encore devant moi me semblait particulièrement différent. Différent en quoi, je ne sais pas. Après tout, je ne le connaissais même pas. Et comme première parole, j'aurais pu faire mieux qu'un «Putain» net et agressif. C'est définitif, je sers strictement à rien.

Lorsque la demoiselle commença à retirer son tee-shirt, je détourna le regard naturellement, mais je remarqua qu'elle avait quelque chose dessous. Déçu ? Non, je suis loin d'être quelqu'un de pervers. Elle enfila alors mon sweat, il était beaucoup trop grand pour elle, il pourrait très bien lui servir de robe, mais cela lui donner alors un certain charme. Je regarda mon plateau et commenca à le trafiqué pour voir ce qu'il me rester à manger. Pour la demoiselle, il ne lui restait absolument rien, mais cela n'avait pas l'air de la déranger, au contraire, elle me proposa à moins d'aller se reservir pour moi, mais je n'en avais pas besoin. Il me rester encore quelques trucs à grignoter et puis j'avais toujours des sandwich dans ma chambre. Elle me regardait toujours, cherchant visiblement une réponse de ma part, je lui souria alors pour la première fois et répondit :

« Tu devrais plutot en prendre un pour toi, ça me suffit ce que j'ai. »

La demoiselle n'avait pas l'air tellement intéressée par ma proposition, elle frotta ses pieds au sol, l'air toujours autant gênée alors que tout ceci était de ma faute. Mais d'une certaine manière je ne m'en voulait pas, autrement je n'aurais jamais rencontré cette jeune demoiselle. Je m'efforçais de garder toujours le sourire sur mon visage, un sourire naturel pas comme on en voit tous les jours. La demoiselle ne bougeait toujours pas, soit elle n'avait pas faim, soit elle ne savait vraiment pas quoi faire. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Alors je souria denouveau et demanda à la jeune fille :

« Tu... tu veux que j'y ailles ? »

Je fixe mon plateau, me sachant incapable de le regarder dans les yeux. Il m'intimidait, et le pire était de ne pas savoir en quoi. Généralement, personne ne m'intimidait, ou du moins, c'était bien rare. Il me proposa d'aller reprendre un plateau. Dans sa voix, on sentait facilement qu'il souriait. De suite, je leva donc la tête. J'avais raison; il souriait. Mais c'était encore pire. Il me fixait à son tour, et son sourire était encore plus intimidant que son regard. Quoique, c'était sûrement le fait que les deux étaient réunis. Il est d'ailleurs difficile de faire autrement en général. A mon tour, je laissa apparaître un léger sourire au coin de mes lèvres.

« Euhh, nan, enfin, j'avais pas très faim de toutes manières. »

J'attrape la pomme qui se trouvait au coin de mon plateau, celui qui ne s'était pas fait attaqué. Elle était toute rouge, elle avait l'air délicieusement sucrée, et elle sera la seule chose que je mangerais aujourd'hui. Alors que je m'apprêtais à croquer dedans, le jeune homme me demanda si je voulais qu'il s'en aille. Honnêtement, non. D'ailleurs, dans mon cerveau, ça semblait clair, ce mec ne me laissait pas indifférente. Comme d'habitude, une partie de moi essayait de tout faire pour le nier et passer à autre chose le plus rapidement possible. Ce que j'allais lui répondre s'avérait être extrêmement clair. Enfin, plus ou moins.

« Je suppose qu'aller manger avec tes amis doit être mille fois mieux que de rester ici avec une fille que tu ne connais même pas et qui te semble totalement inintéressante. Je comprends, t'en fais pas. »

Je souris de plus belle. Dire ça, c'était une chose. Le penser en était une autre, et oui je le pensais. Je le pensais entièrement. Je croque enfin dans ma pomme, pensant à présent qu'il devait être parti. Mais j'oubliais un petit détail. Je releva rapidement la tête une fois de plus, espérant finalement qu'il ne soit pas déjà trop loin. Mais à ma grande surprise, il n'avait pas bougé d'un poil. Il continuait de me regarder mystérieusement.

« Attends .. Comment je vais faire pour te rendre ton sweat sachant que je ne connais rien de toi, ni même ton prénom? »

Je regardais mon plateau, à moitié désintéressé, ne sachant pas quoi faire. Après avoir demander à la demoiselle si elle souhaitais qu’il parte, il la regardait droit dans les yeux, cherchant visiblement une réponse. Elle lui apprena alors qu’elle n’avait pas très faim. Je ne savais pas si je devais la prendre au sérieux où alors si elle me disait cela simplement pour être polie. Je me contenta de ne rien dire, de laissait passer le temps et d’attendre là, en faisant ce qu’elle me disait, tel un animal domestique, obéïssant à chacun de ses gestes par un autre. Mon regard se reporta à ses mains qui attrapèrent visiblement son repas du midi, je me demandais bien comment elle allait faire pour tenir jusqu’au soir avec une… pomme. Mais je ne m’en faisais pas à son sujet, je pensais qu’elle devait avoir quelque chose à manger dans sa chambre, ou plutot j’essayais de m’en persuader, n’y croyant qu’à moitié.

Elle me disa alors ensuite, après un court silence qu’être avec mes amis seraient surement bien plus intéressant. Elle avait faux sur toute la route, mes amis ? J’avais fait une erreur que je devais assumer, assumer mon choix d’être avec eux, comme eux. Je me contenta de sourire, faire comme si elle avai totalement raison. Je la regarda s’éloignait sans un mot, ne sachant pas quoi ajouter mais ce fut visiblement elle qui trouva, elle se retourna denouveau, me demandant comment elle allait faire pour me rendre mon sweat, je souria. On m’avais toujours appris à ne pas montrer mes sentiments et ne sachant pas vraiment pourquoi, je suivis ce conseil.

« Tu peux le garder, j’en ai d’autres. »

Je tourna alors le dos à la jeune fille, fermant les yeux et soufflais pour reprendre mon souffle, mais sur mon chemin je ne put m’empêcher : je me retourna, croisant alors le regard de la demoiselle, je lui souria même si je m’étais promis de ne plus jamais le refaire.

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